Que l’on soit en plein dedans ou plusieurs mois ou années après cet événement profondément intime et existentiel, cette question de « à qui parler de son IVG » revient régulièrement dans nos pensées, au fil de nos rencontres et de notre évolution personnelle.
La décision d’une interruption volontaire de grossesse IVG relève de la responsabilité de chaque femme. Le choix de parler de son IVG ou non reste également profondément personnel.
Parler de son IVG peut faire peur
Il n’est pas toujours évident de savoir avec qui évoquer cette expérience.
Parce que nous redoutons la réaction de l’autre sur ce sujet extrêmement sensible et tabou. Nous craignons d’être jugées, voire rejetées ou carrément reniées. Une femme que j’interrogeais sur cette question me disait : « je n’en parlais pas parce que j’avais peur d’être mise au ban de la société » !
Il est donc tout à fait normal d’hésiter à parler de son interruption volontaire de grossesse. Surtout étant donné le clivage que peut représenter le débat sur l’avortement dans notre société.
Balise h3 : Libérer la parole sur l’avortement
Lorsque nous nous trouvons « en plein dedans », le nombre de personnes à qui nous en parlons est d’ailleurs limité.
Bien souvent il s’agit d’une amie proche, d’un frère ou une sœur, un parent, un thérapeute. Parfois, nous n’en parlons même à personne. L’événement nous secoue à tel point qu’il nous met face à nos plus grandes peurs. Et c’est le début d’un profond sentiment de solitude.
Néanmoins, lorsque nous décidons de nous confier, la réaction des personnes peut produire un effet soit très bénéfique, soit dévastateur. Dans le premier cas, se confier apporte un profond soulagement, une sensation de ne pas être seule à porter ce lourd secret. Dans le deuxième cas, se livrer peut générer un plus grand désarroi, avec le sentiment d’être incompris, jugé, influencé, voire fautif. Ce qui renforce notre mal-être existant.
Balise h3 : Parler de son IVG avec sa mère
Par exemple, j’ai rencontré des femmes qui ont parlé de leur situation à leur mère.
Lors de cet échange, elles ont senti que leur mère « n’aurait pas fait le même choix ». D’autres m’ont exprimé les tentatives de leurs proches d’influencer leur décision. Cette situation génère un sentiment d’être « non accueillie inconditionnellement » par ceux à qui nous avons exposé notre vulnérabilité.
Et cela peut donc rendre l’expérience encore plus difficile. Mon point ici n’est pas de dire: n’en parlez pas à vos mères ou vos proches. Cependant, prenez conscience que les personnes vont réagir en fonction de leur vécu, leurs croyances, leurs propres blessures et leurs peurs.
Et surtout, dans le cas des mères, voir sa fille souffrir reste très déstabilisant. Alors l’échange ne peut pas rester totalement « neutre ».
Parler de son IVG peut aussi faire énormément de bien…et pas seulement pour nous !
Lors de mon expérience, juste avant mon IVG, j’étais bouleversée. Je ressentais une peur si immense d’être jugée et influencée que je ne parvenais pas à en parler à qui que ce soit d’autre que mon conjoint.
Néanmoins, pendant cette période tourmentée, une amie que je connaissais depuis une année me demande sincèrement « comment ça va, toi ? » (Phrase plutôt banale en soi, mais la manière de l’aborder change tout !). Et j’ai répondu : « Oh, ça va, juste un petit souci familial à régler ».
En gros, je tendais une perche, mais pas trop quand même de peur de ce vers quoi ça allait m’emmener. Et cette amie a voulu comprendre quel était ce fameux « petit souci familial », avec un réel intérêt. Mais surtout l’attente tranquille de celle qui laisse son interlocutrice décider. De se lancer ou pas, avec l’attitude accueillante qui m’a permis de me livrer.
L’effet libérateur de me confier ainsi que l’écoute bienveillante reçue m’ont fait beaucoup de bien. Je me sentais moins seule tout d’un coup et mon problème sortait de mes pensées. Cela me permettait aussi de le regarder avec un peu plus de distance. J’avais surmonté ma peur d’être jugée et le cadeau d’une belle écoute était magnifique.
Balise h3 : Ma rencontre avec d’autres femmes
Deux mois après mon interruption de grossesse, je me regroupais avec 3 femmes et amies pour échanger sur nos évolutions. Je n’avais pas du tout prévu de leur en parler durant cette séance de travail.
Mais encore une fois, au détour d’une phrase, d’une question posée sans attente, je me suis retrouvée à leur raconter ce que je venais de vivre 2 mois auparavant. L’impact est étonnant ! Sur les 4 femmes, l’une d’entre elles nous révèle que cela lui était également arrivé. Et une autre s’est libérée d’un lourd secret qu’elle portait, mais aussi en lien avec la maternité.
L’effet libérateur de ma parole sur ce tout petit groupe m’a complètement émerveillée et profondément touchée. Quel immense bonheur que de se sentir connectée et « sœur » avec d’autres femmes.
Balise h3 : Parler de son IVG avec sa famille
D’ailleurs, l’une de mes clientes me révélait qu’elle en avait parlé à son père. Celui-ci a choisi cette occasion pour révéler des secrets de famille ou des situations identiques dans la famille. Ne sous-estimons pas la puissance de la libération des secrets !!
Donc finalement, être profondément écoutée, c’est recevoir un énorme cadeau qui nous allège. Parler de son IVG, c’est offrir un merveilleux cadeau à celles et ceux qui ne se sentaient pas autorisés à s’exprimer jusque-là.
La liberté de choisir à qui, quand et comment parler de son IVG
Le bénéfice de libérer la parole est immense. Mais le choix nous appartient de choisir à qui nous livrer. Et sur ce point, j’ai envie d’insister sur un point. Faisons confiance à notre ressenti, à notre corps. Ce dernier, comme une véritable antenne, capte l’« énergie bienveillante » de notre interlocuteur. Notre ressenti physique nous permet de savoir si se confier à cette personne est juste pour nous. Je vous invite à vous faire confiance et à ne pas culpabiliser si vous n’en parlez pas à tous vos proches. Le temps est votre allié dans ce parcours de libération de la parole.
Balise h3 : Quand en parler ?
Très souvent, nous possédons des proches en tous points bienveillants à notre égard.
Cependant, lorsque nous échangeons avec eux, ce n’est pas nécessairement le bon moment pour initier une discussion intime, presque « sacrée », pour exposer sa vulnérabilité.
Au moment où le sujet de l’avortement est un sujet central à table entre collègues ou à un repas familial, sentez-vous autorisée à NE PAS forcément évoquer votre vécu. Car c’est en général un échange d’opinions et de croyances et non d’expériences.
En tout cas, ressentez si c’est le meilleur instant pour vous et ne vous forcez pas.
Balise h3 : La loyauté familiale pour parler de son IVG
Avez-vous ressenti auparavant une sorte de « loyauté amicale ou familiale » ?
Celle qui vous fait penser qu’un tel événement se raconte forcément à tel ami.e ou tel parent ? Et que le fait de ne pas le dire vous donne un sentiment de déloyauté vis-à-vis de la personne ?
Et bien, moi oui, j’ai déjà ressenti ça ! J’en éprouvais même de la culpabilité (histoire d’en rajouter une couche !). Mais au bout d’un certain temps, j’ai compris. Si le partage de cette expérience ne se faisait pas, c’est que ce n’était pas le moment.
En effet, peut-être que la personne ne se sent pas encore prête à l’entendre et moi à le lui dire.
Donc j’ai arrêté de me prendre la tête avec cette question pour retrouver ma liberté de choisir. Qui, quand et comment, et de laisser les occasions arriver toutes seules.
Et si le mal-être intérieur reste trop lourd à porter, malgré les personnes à qui nous en avons parlé, ne nous privons pas d’un soutien professionnel. Il va nous apaiser et nous libérer en profondeur dans la durée.
Là aussi, mon expérience m’a montré qu’une écoute professionnelle de thérapeutes bienveillants, engagés, qui nous envoient de l’« Amour en barre » 😊 pendant la séance ont un fort pouvoir guérisseur.
Je vous souhaite de beaux échanges libérateurs,
Très chaleureusement,
Sarah
Trouver des interlocuteurs bienveillants et compétents pour parler de son IVG est essentiel. Vous pouvez l’évoquer dans les moments qui suivent l’interruption de grossesse ou bien des années plus tard.
Alors, pour celles qui aimeraient faire le point sur leur expérience et en savoir plus sur mes accompagnements. Réservez une séance découverte
FAQ : Parler de son IVG
À qui parler de son IVG ?
N’oublions pas que le choix de parler de son IVG appartient à chaque femme. Parfois, choisir des personnes de confiance, comme des ami.e.s proches, un partenaire ou des groupes de soutien est préférable. L’important est de se sentir écoutée, soutenue et respectée dans sa décision, sans jugement ni pression.
D’autres préfèrent consulter des professionnels compétents tels que des gynécologues, des sages-femmes ou des centres de planning familial. Ces derniers peuvent fournir des informations précieuses sur les différentes méthodes de contraception et sur les délais légaux pour interrompre une grossesse.
Comment se déroule une IVG ?
Si vous optez pour une IVG médicamenteuse, la pilule abortive, également connue sous le nom de misoprostol, s’utilise pour provoquer une expulsion de l’embryon hors de l’utérus. Cette méthode se pratique jusqu’à 7 semaines de grossesse. Si vous choisissez une IVG chirurgicale, l’intervention se réalise souvent sous anesthésie locale ou générale dans un établissement de santé. Un délai de réflexion de 48 heures est obligatoire entre la première consultation et l‘intervention chirurgicale.
Toute femme, peu importe son âge, y compris les mineures, a le droit de recourir à l’IVG en France. Les mineures n’ont pas besoin d’autorisation parentale pour interrompre une grossesse. Les centres de planification familiale accompagnent également les jeunes filles dans cette démarche et garantit le respect de leurs droits.
Comment briser les tabous ?
Que ce soit pour parler de son IVG ou pour obtenir des informations sur la contraception, briser les tabous et les préjugés qui entourent ce sujet est essentiel. La parole doit se libérer pour que chaque femme puisse prendre des décisions éclairées et responsables concernant sa vie sexuelle et reproductive. Chacune doit disposer librement de son corps.
Quels sont les délais légaux ?
L’interruption volontaire de grossesse est légale en France et les femmes ont le droit de choisir cette option jusqu’à 14 semaines de grossesse ou 16 semaines d’aménorrhée.